Un "ange" a sauvé plus de 400 personnes

16/04/2021

Huffpost 16/04/21 "Depuis 18 ans, Chen Si consacre ses week-ends à dissuader ceux qui veulent passer à l'acte à 70 mètres au-dessus du Yangtsé, depuis le tristement célèbre "pont des suicidés". "Je ne suis pas un ange. J'essaye juste d'apporter un peu de lumière à ceux qui sont dans l'obscurité", explique-t-il à l'AFP. La vie de Chen Si a changé lorsqu'à l'âge de 22 ans il aperçoit une jeune femme en larmes prête à se jeter dans le vide. Chen Si engage la conversation et la convainc de rester en vie. La femme était une travailleuse migrante, comme lui. Né dans une famille pauvre, l'homme n'a pas de mal à s'identifier aux laissés-pour-compte du phénoménal essor économique chinois. Depuis son premier sauvetage, l'homme a calculé qu'il avait tiré de l'abîme 412 personnes, pratiquement une toutes les deux semaines. Parmi elles, un grand costaud qu'il a fallu ramener sur le pont à plusieurs, et un homme perclus de dettes à hauteur de plusieurs millions de yuans. Chen Si ne sort pas toujours indemne de ces rencontres et fréquente les temples pour se "recharger l'âme", même s'il a appris à se blinder. "Avant, j'étais hanté dans mes cauchemars par ceux que je n'arrivais pas à sauver", raconte-t-il. Chen Si, il ne constate pas de baisse du nombre de candidats au suicide au Pont de Nankin. Pour l'aider, il a même recruté des volontaires, notamment des étudiants en psychologie, auxquels il transmet ses conseils à destination des désespérés." En ville, Chen Si a transformé un petit bureau en dortoir, où il peut héberger jusqu'à quatre personnes qui ne savent plus où passer la nuit. Il reconnaît qu'il a dû sacrifier sa vie de famille à sa mission de sauveteur, qu'il assure en plus de son travail quotidien. Et il ne s'arrêtera que le jour où il n'aura plus la force de ramener les gens du bon côté du garde-fou. "Je ne peux pas tous les sauver. Lorsque c'est au-dessus de mes forces, je les laisse entre les mains des dieux".