Didier van Cauwelaert : L'insolence des miracles
Didier van Cauwelaert. Et si nous étions tous capables d'accomplir des prodiges ? C'est ce qu'avance Didier Van Cauwelaert dans son dernier livre, "L'insolence des miracles". Dans cette enquête factuelle, l'auteur étudie "avec rationalité" des phénomènes qui dépassent l'entendement à travers le monde et les siècles. "J'ai fait le choix arbitraire de ne parler que de ceux qui font du bien, qui interpellent et provoquent. C'est l'insolence qui est le fil conducteur. Étymologiquement, c'est ce qui sort des habitudes, qui provoque la raison, qui lance un défi à nos moyens de comprendre l'inexplicable. Ça nous amène à revoir notre vision du monde, notre rapport à la réalité, à la mort, à la maladie, au temps, à l'espace, à tout ! Ça nous donne des ailes, qu'on soit croyant ou non.
Il est primordial de rappeler, comme je le dis dans le livre, que les miracles ne sont pas réservés qu'aux croyants, et qu'il y en a partout, à l'extérieur parfois de tout cadre religieux. L'une des questions qui se posent, c'est : est-ce forcément une intervention divine, ou est-ce que ce sont les pouvoirs insoupçonnés de notre esprit, de notre organisme, qui ont les moyens de créer ces choses impensables ? Est-ce que tout le monde aurait la faculté de faire des miracles, pour les autres et pour soi-même ? Ce qui nous dépasse n'est pas là pour nous abaisser mais pour nous aider à grandir et à reprendre le pouvoir. Est-ce que notre prière, est-ce que les pouvoirs insoupçonnés de notre esprit ont les moyens de changer la vie, de changer l'avenir, de nous changer nous-mêmes, de nous guérir, de nous donner des ailes ? Oui, je le crois profondément et tous les exemples que je donne vont dans ce sens-là.
Je pense spontanément à Notre-Dame de Guadalupe, c'est le nom de la Vierge Marie qui est apparue à un indigène du Mexique en 1531, et dont l'image s'est figée sur son manteau. Cette image subsiste encore aujourd'hui, sur un tissu d'agave du XVIe siècle qui, normalement, ne se conserve pas plus de vingt ans. Dans ses yeux, on a découvert les témoins de la scène reflétés trois fois, selon les lois de l'optique. Parmi eux, l'évêque de Mexico qui ressemble trait pour trait à son portrait de l'époque. Le mathématicien Fernado Ojeda a étudié la disposition des étoiles et des fleurs sur le manteau. Il en a tiré une partition qu'il a fait jouer à l'Orchestre symphonique de Vienne en 2022. J'ai tout juste eu le temps d'en ajouter la mention dans le livre ! Beaucoup témoignent de son pouvoir thérapeutique.
Il y a aussi des miracles bien plus récents. Celui de Jeanne Frétel, par exemple. C'est un cas récent, on a vu son témoignage à la télévision et puis on est sûrs de sa pathologie avec les appareils médicaux modernes. Cette femme n'avait plus d'intestin, elle était dans le coma depuis des mois, elle n'avait pas mangé depuis dix ans et vivait sous perfusion. Comme elle avait demandé, avant de tomber dans le coma, si on pouvait l'emmener à Lourdes, son médecin décide de lui faire faire le voyage, à la condition qu'elle soit suivie de son cercueil, ayant peu de chance de rentrer vivante. On l'emmène et, une fois dans la grotte, elle ouvre les yeux au moment de la communion, lorsqu'on réussit à lui glisser dans la bouche un fragment d'hostie et elle dit : "J'ai faim." Elle va dévorer de la nourriture pendant des jours et tout digérer normalement, et on va constater une reconstruction instantanée de ses intestins. La fringale est le point commun des guérisons inexpliquées de Lourdes, comme si toute l'énergie présente dans le corps avait été mobilisée pour reconstruire une hanche, un nerf optique, un intestin... Et quand le docteur Patrick Theillier, médecin permanent du Bureau médical des Sanctuaires de Lourdes, dit que les miracles aident la recherche médicale, je crois que c'est un axe intéressant.
On recense à Lourdes 7200 cas de guérisons instantanées inexplicables, validées après des années d'enquête par un comité de 30 médecins, croyants ou non, mais seulement 70 d'entre eux ont été homologués par l'Église... Ce qui est étonnant c'est que la science valide très souvent alors que les autorités religieuses, en particulier le Vatican, se méfient, censurent, passent sous silence et parfois maltraitent les miraculés et les faiseurs de miracles. L'Église rajoute ses propres critères à ceux de la médecine, qui sont déjà très sévères. Par exemple, les divorcés sont recalés d'office. Et puis, il faut faire la preuve que vous avez une foi formidable et qu'elle est encore fortifiée à la suite du miracle. Or, Il n'y a pas de miracles qu'à Lourdes, il y en a aussi à la Mecque. J'ai écrit tout un chapitre sur la façon dont l'Arabie saoudite gère l'épidémie de miracles qui s'est produite à partir du moment où une femme musulmane a été guérie d'un cancer inguérissable et qu'elle a publié un livre.