Jeanne Frétel : miraculée de Lourdes

25/01/2025

Jeanne Frétel (08.10.48). Après onze ans d'hôpital, treize opérations, cette enfant de Bretagne (elle est originaire d'un petit bourg à côté du Mont-Saint-Michel) arrive à Lourdes âgée de 34-ans, dans le coma. Inconsciente depuis trois mois et huit jours, Jeanne Frétel reçoit l'hostie, après qu'un prêtre lui eut ouvert la bouche à l'aide d'une cuillère. «En refermant la bouche, dit-elle, j'ai ouvert les yeux et j'ai demandé où j'étais. Comme j'étais dans le coma, je ne savais pas que j'étais à Lourdes. Pendant la communion, un prêtre a vu un sang noir couler de mon nez et de ma bouche. Les gens pensaient que j'étais en train de mourir. Lorsque, ensuite, le prêtre est revenu vers mois, après la communion, j'ai demandé à aller vers la grotte. On m'a emmenée tout de suite. Là, j'ai eu l'impression que quelqu'un me prenait sous les bras pour m'asseoir. Je me suis tournée, mais il n'y avait personne. Je me demandais si je n'étais pas folle.» Ayant reçu, pendant son coma, une alimentation par perfusion, Jeanne Frétel a ensuite été prise d'une boulimie incontrôlable. A la grotte, on a le souvenir de ce petit bout de femme qui dévorait avec un appétit d'ogre tous les plateaux repas. «Vous pensez que je ne demandais pas si quelqu'un en voulait... non, non, tout était pour moi.»

Pour cette religieuse, qui vit recluse dans son appartement parisien depuis trente ans et s'efforce de ne parler avec personne sauf pour témoigner, un «miracle est un très gros fardeau». «Qui est si difficile à porter, ajoute-t-elle. Je ne sors de chez moi que pour acheter à manger. Mais je témoigne plus que jamais, malgré ma solitude. Et je réponds toujours aux gens qui veulent me parler.» Néanmoins, depuis son miracle, un sentiment de culpabilité taraude son esprit tranquille «C'est encore incroyable pour moi. J'en suis encore à me demander ce qu'il m'est arrivée. Pourquoi moi plutôt qu'un autre. Vous savez, une guérison se passe tout simplement. C'est simple et c'est grand. C'est une guérison non méritée et non demandée.» Depuis 1948 — sa guérison miraculeuse a été officiellement reconnue par l'Eglise le 8-décembre 1949 — sur Jeanne se dévoue invariablement pour le pèlerinage du Rosaire et vient également pendant le National, en qualité d'hospitalière. La double vie de Jeanne dépasse — croyance ou pas — l'entendement. Quand on l'a mise dans le train, en 1948, pour venir à Lourdes, son médecin avait même prévu le cercueil, pensant qu'elle n'en reviendrait jamais.