Les miracles mariaux de la Marne et de Pontmain
La Vierge Marie a stoppé l'armée allemande à Barcy (77) durant la première guerre mondiale (1914), alors qu'elle semblait filer inexorablement vers Paris, mais aussi à Pontmain (53) lors de la guerre franco-prussienne (1871). Cent mille hommes ont vu Marie en 1914, mais ils durent se taire sous peine d'être fusillés.
Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où avaient pris place des religieuses. Il leur dit : « Comme soldat, je devrais garder le silence. Comme prêtre, je crois devoir vous dire ce que j'ai vu. Pendant la bataille de la Marne, nous avons été surpris d'être refoulés, car nous étions légion par rapport aux Français et nous comptions bien arriver à Paris. Mais nous vîmes la Sainte Vierge, tout habillée de blanc, avec une ceinture bleue, la tête inclinée vers Paris… Elle nous tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser. » Le jour même où ce prêtre témoignait, deux officiers allemands, prisonniers comme lui, entraient dans une ambulance française de la Croix Rouge. Une infirmière, qui parlait allemand, s'occupa d'eux. Quand elle les conduisit dans une salle de repos où se trouvait une statue de Notre-Dame de Lourdes, ils s'écrièrent : « Oh ! La Vierge de la Marne ! »
Dans une lettre adressée aux carmélites de Pontoise, une personne de la Sarthe raconte : « Le 3 janvier 1915, un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur dit : "Comme soldat je devrais garder le silence, mais comme prêtre, je dois dire ce que j'ai vu. Pendant la bataille de la Marne, nous étions surpris d'être refoulés, car nous étions légion comparés aux Français et nous comptions bien arriver à Paris. Mais nous vîmes la Sainte Vierge, toute habillée de blanc avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris. Elle nous tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser… Cela, je l'ai vu et un grand nombre des nôtres aussi" ».
Autre témoignage de l'époque, celui d'une infirmière qui soignait des blessés à Issy-les-Moulineaux, près de Paris : « C'était après la bataille de la Marne. Parmi les blessés soignés à l'ambulance d'Issy se trouvait un Allemand, très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il vécut encore plus d'un mois. Il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les infirmiers étaient des prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment témoigner sa gratitude. Il répétait souvent : " Je voudrais faire quelque chose pour vous remercier. " Vint le jour où il reçut l'extrême-onction. Il dit alors aux infirmiers : "Vous m'avez soigné avec beaucoup de charité. Je veux faire quelque chose pour vous en vous racontant ce qui n'est pas à notre avantage, mais qui vous fera plaisir. Je paierai ainsi un peu ma dette… Si j'étais au front, je serais fusillé car défense a été faite, sous peine de mort, de raconter ce que je vais vous confier. Vous avez été surpris de notre recul subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n'avons pas pu aller plus loin : une Vierge… oui, une Vierge se tenait devant nous, les bras étendus, nous repoussant chaque fois que nous recevions l'ordre d'avancer. Pendant plusieurs jours, nous ne savions pas si c'était une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d'Arc… Plus tard, nous avons compris que c'était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place. Le 8 septembre, elle nous a repoussés avec tant de force que tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous dis, vous l'entendrez sans doute répété plus tard, car nous sommes peut-être 100 000 hommes qui l'avons vue. »
Le 8 septembre 1914, Mgr Emmanuel Marbeau, évêque de Meaux, fait le voeu d'édifier une statue à la gloire de Notre-Dame si sa ville est épargnée. « Le même jour », rappelle l'historien Louis Fontaine, auteur de Il y a 100 ans… la Marne (L'Orme Rond), « Marie apparaît en Reine de France à une future religieuse, Marcelle Souchon, en prière dans une chapelle de Versailles. Elle lui précise qu'elle n'a pas oublié le voeu de Louis XIII : "Ne crains rien, elle est toujours mienne. Vois : je garde [la France] !" Un tableau de l'apparition est encore dans cette chapelle à Notre-Dame des Armées ».
De son côté, une religieuse soignant les blessés à Issy-les-Moulineaux, près de la capitale, couche sur le papier ces propos recueillis de la bouche d'un Allemand (catholique) par les prêtres infirmiers qui l'assistent. Grièvement atteint et jugé perdu, il leur confie : « Si j'étais au front, je serais fusillé, car défense a été faite sous peine de mort de raconter ce que je vais vous dire. Vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n'avons pas pu aller plus loin : une Vierge se tenait devant nous les bras étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l'ordre d'avancer. Pendant plusieurs jours, nous ne savions pas si c'était une de vos saintes nationales : Geneviève ou Jeanne d'Arc. Après, nous avons compris que c'était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place. Le 8 septembre, elle nous repoussa avec tant de force que tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis… Ce que je vous dis là, vous l'entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être cent mille hommes qui l'avons vue ! »
Il n'existe qu'un seul témoignage nominatif – encore est-il oral et non direct –, celui de Mme Bongard, épouse d'un ancien maire de Barcy, au sujet de sa mère en 1914. Celle-ci offrait ses services dans les hôpitaux. Voici ses propos, rapportés par sa fille : «Les blessés allemands, par centaines, disaient tous la même chose : c'est incompréhensible… C'est la Sainte Vierge qui nous a repoussés. Nous l'avons vraiment vue et pourtant nous étions les plus forts. Nous étions en train d'écraser les lignes françaises, nous allions arriver à Paris et brusquement, ce fut la débâcle ! Nous l'avons vue, elle, la Sainte Vierge. Était-ce une apparition, un délire ? De la main elle nous repoussait et devant cette force surnaturelle, nous avons fui… On ne pouvait plus avancer !» Plusieurs de ces témoignages vont être repris par des journaux : Le Courrier de Saint-Lô en 1915, L'Avenir d'Honfleur le 25 novembre 1916, Le Courrier de la Manche les 14 janvier et 8 septembre 1917.
L'intervention du Ciel paraît indubitable. Mgr Marbeau, à l'époque évêque de Meaux, dira : « La victoire de la Marne a été une oeuvre providentielle si merveilleuse que les plus aveugles ne peuvent s'empêcher de reconnaître son caractère extraordinaire ». Conformément à son voeu, une statue de Notre-Dame de la Marne sera inaugurée en 1924. Début septembre 1914: l'armée allemande est aux portes de Paris après un mois de guerre, et la situation semble désespérée pour les forces françaises, mal équipées et mal commandées, qui battent partout en retraite avec leurs alliés britanniques. Dans un ultime sursaut, elles vont pourtant parvenir à stopper l'avancée allemande et renverser le cours de la guerre lors de la bataille de la Marne, du 6 au 9 septembre, vécue comme un "miracle" par les contemporains.
« Tu n'iras pas plus loin ». Voilà ce que l'on peut lire aujourd'hui au pied de l'édifice en granit et en fonte érigé à Barcy. Ce monument commémoratif représente la Vierge Marie qui a stoppé l'armée allemande début septembre 1914. Le « miracle de la Marne » méritait bien une statue, ce qui fut fait en 1924. Le village de Barcy, qui compte un peu moins de 400 habitants, a donc célébré le centenaire de l'inauguration du monument il y a peu. Au programme notamment : des animations, des reconstitutions et une messe qui fut donnée à 10 heures par l'évêque du diocèse de Meaux, Monseigneur Jean-Yves Nahmias.
C'est justement à l'un de ses prédécesseurs que l'on doit la réalisation de cet édifice, à la fois religieux et patriotique. Entre le 6 et le 9 septembre 1914, au début de la Première Guerre mondiale, des combats meurtriers faisaient rage aux portes de Meaux. En pleine bataille de la Marne, le 8 septembre 1914, Mgr Emmanuel Marbeau, évêque de Meaux, fait le vœu d'édifier une statue à la gloire de Notre-Dame si sa ville est épargnée. Et miracle, les Allemands battirent en retraite. Si aucune enquête ecclésiale n'a été menée, Mgr Marbeau était convaincu de l'intervention du Ciel : « La victoire de la Marne a été une œuvre providentielle si merveilleuse que les plus aveugles ne peuvent s'empêcher de reconnaître son caractère extraordinaire », aurait-il déclaré. Des témoignages ont également été publiés dans des journaux de l'époque.
Miracle de Pontmain. L'Apparition mariale de Pontmain est l'événement survenu le 17 janvier 1871 dans le petit village de Pontmain, en Mayenne. La France est alors envahie par les armées allemandes, que Metz est au main de l'ennemi (180 000 officiers et soldats Français prisonniers), Paris assiégé, l'Empire effondré. Sept enfants au total déclarent voir « une belle dame », mais seuls les trois plus âgés seront reconnus officiellement par l'Église lors de la reconnaissance officielle de l'apparition. L'apparition débute vers 18h et va durer environ trois heures. Elle regroupe progressivement les habitants du village, qui ne voient rien, sauf quelques enfants qui décrivent les évolutions de la vision au cours du temps, au rythme des prières de l'assemblée. Dès le lendemain, le curé du village interroge les enfants et note un premier récit avant d'en informer l'évêque. Très vite une enquête canonique est ouverte, et un an plus tard, le 2 février 1872, Mgr Casimir Wicart reconnaît officiellement l'apparition de la Vierge de Pontmain, et autorise sa dévotion.
Dès les premiers jours qui suivent l'apparition, avant même l'avis de l'Église sur l'authenticité ou non de l'apparition, des pèlerins se rendent sur le lieu pour y prier, car ils voient dans le départ rapide des troupes allemandes du département (dans les jours qui suivent l'apparition), le signe de la protection de la Vierge. C'est pourquoi, immédiatement, des pèlerinages spontanés s'organisent à Pontmain. L'abbé Richard dénombrera le 2 mars (soit un peu plus d'un mois après l'apparition), environ 400 pèlerins dans le village. Au printemps, on compte déjà entre 3 000 et 4 000 personnes par jour.
À la suite de l'apparition et de sa reconnaissance canonique, l'abbé Guérin, curé de Pontmain, assure l'accueil des pèlerins avec les religieuses de l'école. Mais après sa mort en 1872, l'évêque appelle les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée pour animer les premiers pèlerinages et prêcher dans la région. L'affluence des pèlerins à Pontmain a été rapide. Pour le premier anniversaire des apparitions, le 17 janvier 1872, on comptait déjà 8000 personnes. Venant d'abord du département, les pèlerins viennent progressivement de la France entière, puis de l'étranger. On compte aujourd'hui environ 300 000 pèlerins par an et 4000 par jour lors des grandes fêtes comme l'Assomption.
Après le décès du curé du village, le père Guérin, l'évêque Mgr Wicart confie, le 29 mai 1872 aux missionnaires oblats de Marie-Immaculée le soin d'accueillir les pèlerins qui se rendent sur le lieu d'apparition, et d'y construire un sanctuaire8. Monseigneur Wicart, évêque de Laval, pose la première pierrede l'église le 17 juin 1873, mais il meurt peu après. Ses successeurs suivent sa voie. L'église est achevée en 1890, mais elle n'est consacrée que le 15 octobre 1900 par Mgr Pierre Geay. Le 21 février 1905, le pape Pie X érige l'église au rang de basilique.