Quand l'hostie stoppe le tsunami : le miracle de Tumaco
Le 31 Janvier 1906 à 10h36, un tremblement de terre d'une magnitude 8.8 frappe la Colombie. Tumaco, un tout petit village de bord de mer, semble s'effondrer. Mais le pire est à venir : un gigantesque tsunami. Mais le curé du village de Nario, le Père Gerardo Larrondo de San José, réunit tous les villageois sur la plage et présente une hostie consacrée face à la mer, avec laquelle il fait le signe de croix. Et la mer est bloquée par une force invisible, stoppant sa progression pour refluer au large. Le seul espoir de survie était de se mettre à l'abri en hauteur, hors de portée des flots. Malheureusement, Tumaco est plate comme la main, et son point le plus élevé culmine à deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Tous seraient morts sans ce miracle. Ce récit oublié a été très bien documenté par le bienheureux Carlo Acutis qui l'a remis au goût du jour dans une expositions sur les miracles eucharistiques.
Quand le séisme survient, il est été ressenti tout le long de la côte pacifique, de l'Amérique centrale jusqu'en Californie, mais aussi au Japon. On comptabilise au moins un millier de morts en Colombie et en Équateur. Étant donné la position géographique de Tumaco (au large de la Colombie, au sud, non loin de la frontière équatorienne) et le relief très plat de cette île, ce point, très exposé, aurait dû, lui aussi, subir les ravages du tsunami. Sur des centaines de kilomètres de côtes, la vague n'a rien épargné, excepté Tumaco, l'endroit entre tous où elle devait, logiquement, faire les pires ravages, et le seul sur lequel elle n'a pas déferlé. Conscients qu'il ne restait humainement aucun espoir d'échapper à la mort, les gens furent saisis de panique. Le prêtre, le père Larrondo, n'est pas moins terrifié, mais sa première réaction est de réclamer l'aide du Ciel face. Il prie et s'entend distinctement souffler ce qu'il faut faire. Il entre dans l'église, suivi du père Julian, son vicaire, se rend au tabernacle et, preuve qu'il n'est pas complètement convaincu, commence par consommer la réserve eucharistique afin d'éviter qu'elle soit emportée par le flot. Puis, saisissant la grande hostie consacrée qui sert aux saluts du Saint Sacrement, sans prendre le temps de la placer dans l'ostensoir, il s'en empare avec délicatesse.
Il affirmera qu'à cet instant, une paix surnaturelle l'emplit, le convainquant qu'il tient réellement entre les mains le Corps du Christ et que celui-ci peut opérer n'importe quel miracle. « Je n'aurai plus jamais peur, pense-t-il. Que la volonté de Dieu soit faite. » Se tournant alors vers ses paroissiens, il s'écrie : « Allons tous à la plage, mes enfants, et que Dieu ait pitié de nous ! » Suivi de toute la population, le curé, brandissant le Saint Sacrement, part en procession vers la plage. Là, il constate les premiers dégâts causés par le tsunami : d'innombrables épaves apportées par le flot et qui jonchent le rivage. Mais le pire est devant lui : à quelques centaines de mètres de Tumaco, surgissant d'un flot rendu brunâtre par les sédiments marins, une vague gigantesque, haute de plus de dix mètres, se rue vers le rivage. Instinctivement, les gens reculent, laissant les prêtres seuls debout face au flot qui va les engloutir.
Lentement, avec solennité, planté face au tsunami, le père Arrondo élève à pleines mains la grande hostie et trace avec elle au-dessus du flot une large bénédiction. Puis il reste là, incapable de bouger, et même d'en croire ses yeux. Derrière lui, un cri retentit, repris en chœur par ses fidèles : « Miracle ! Miracle ! » Le prêtre prend alors conscience de ce qui se passe. Au lieu de s'écraser sur lui, la muraille liquide s'est arrêtée dans son élan, reste suspendue quelques secondes avant de partir à reculons vers l'océan, qui s'apaise et reprend peu à peu son aspect habituel. L'hostie est rapportée à l'église au milieu des chants d'action de grâce, mise dans l'ostensoir et exposée aux fidèles jusqu'à tard dans la nuit. Le père Arrondo a entonné le psaume 145 : « Seigneur, on proclamera votre redoutable puissance… » À ce jour, le miracle eucharistique de Tumaco reste l'un des plus spectaculaires de l'histoire du catholicisme.
Toute la population de l'île peut attester du prodige. Tous ont éperdument rendu grâce dans l'église, jusqu'à tard dans la nuit. L'un des témoins commentera, avec humour : « Le bas de la soutane de monsieur le curé a quand même été un peu éclaboussé. » L'histoire fait le tour du monde, frappant de stupeur ou d'admiration ceux qui en sont informés, de sorte que le père Larrando recevra pendant des mois un énorme courrier venu de partout demandant des détails et la confirmation de l'événement. Aujourd'hui encore, Tumaco est une station balnéaire très prisée, connue comme la « plage du miracle ». L'archidiocèse de Tumaco a solennellement célébré le centenaire de l'événement en 2006, et le commémore chaque année.
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