La médecine de Dieu révélée à Sainte hildegarde

18/04/2025

Il y a plus de 800 ans, Dieu révèle à l'abbesse allemande Hildegarde de Bingen les secrets de la création et de la rédemption, ainsi que les merveilles de la nature, les fonctions du corps humain, les causes des maladies et les remèdes qu'Il a prévus dans la nature pour la guérison des malades. La guérison par la Nature, l'ancêtre de la naturopathie.

Dans l'ensemble de la création sont cachées de secrètes vertus curatives que l'homme ne peut connaître si elles ne lui sont pas révélées par Dieu. Hildegarde de Bingen n'est pas une femme prétendument savante qui aurait pillé le contenu de quelque traité sur les plantes conservés avec grand soin dans ces bibliothèques monastiques depuis les temps les plus reculés. Son savoir médical, Hildegarde le tient de ses dons : visions et locutions intérieures. La Providence lui a offert dans la création mille matières à réflexion, un champ illimité d'investigations. 

Dans la vision hildegardienne, chaque élément vivant a part au macrocosme ; chaque phénomène contient une vérité au-delà de l'apparence, dans l'Invisible. Partout présente dans son oeuvre, la symbolique d'Hildegarde renvoie l'homme à Dieu et voit dans le moindre mouvement de la nature la réalisation de la pensée divine. Ainsi est établie l'étroite relation de l'homme avec le monde animal, végétal et minéral. La prévention des maladies dites de civilisation - infarctus, rhumatisme ou cancer - commence par la nourriture et exclut tout facteur psychique négatif et tout comportement immoral. Dans une attitude résolument positive face à la vie, la médecine hildegardienne est une véritable cure d'âme : psychothérapeute avant l'heure, sainte Hildegarde a ainsi décrit les effets pervers qu'ont, sur l'organisme, certaines de nos habitudes médiocres ou franchement mauvaises. Elle cite au passage quelques attitudes "à haut risque" que l'on doit pouvoir éviter : depuis la colère qui détraque les nerfs ou le désespoir qui déchaîne la luxure jusqu'à la cupidité qui engendre pessimisme et déprime... 

Mais, à la racine de tous les maux, il y a d'abord, et presque toujours, l'incroyance. Sainte Hildegarde nous révèle comment la foi augmente nos chances de guérison. Les quelque 500 remèdes cités et les traitements proposés par Sainte Hildegarde ont été expérimentés avec succès sur des milliers de patients durant ces quarante dernières années. La technologie médicale avancée d'aujourd'hui ne peut que rejoindre et confirmer les intuitions d'Hildegarde : une médecine qui soigne avec subtilité pour guérir l'homme tout entier en son âme, en son esprit et en son corps est bien la médecine de demain.

Sainte Hildegarde n'était ni médecin ni botaniste

L'éducation que reçût Hildegarde dans sa jeunesse fut toute simple : elle apprit à lire et écrire juste assez pour pouvoir lire la Bible, et elle apprit la musique. En tant que religieuse dans un monastère de bénédictines, elle avait certainement accès à une bibliothèque plus vaste et donc à divers ouvrages de philosophie, d'où sa reprise de la théorie des humeurs d'Hippocrate. Comme dans la majorité des couvents de l'époque, il y avait certainement une pièce où l'on séchait et préparait des plantes médicinales, et durant toute sa vie elle a probablement été au contact de préparateurs et préparatrices de remèdes selon d'antiques recettes.

Cependant, ces diverses connaissances ne semblent pas suffisantes pour expliquer la quantité et la variété d'informations données sur la nature par sainte Hildegarde. De plus, certaines épices dont elle parle comme le galanga, était récentes en Europe et n'avaient pas été évoquées par les Anciens comme Pline dont on dit qu'elle se serait peut-être inspirée, on note également qu'aucune source avant elle ne mentionne l'utilisation du galanga contre des douleurs cardiaques. En ce qui concerne les plantes, elle parle de ce qu'elle connaît de vue ou de nom dans l'Allemagne de l'époque, et n'invente donc aucune plante, ou ne parle pas de la pomme de terre encore inconnue en Europe.
En tout, sainte Hildegarde parle de 230 végétaux, mais aussi de 23 pierres précieuses et de nombreuses espèces animales. Les chapitres portant sur les pierres précieuses et les animaux sont plus contestés car on sait que certains ont été rajoutés par quelqu'un d'autre un peu plus tard, et l'absence des manuscrits d'origine ne permet pas de décider avec certitude quels sont les chapitres qui viennent réellement de la sainte.

Même si elle n'était pas elle-même médecin, ses écrits sont les seuls ouvrages médicaux connus du XIIème siècle, et la seule trace écrite qui documente la manière de soigner de l'époque, que ce soit par la façon dont on faisait des onguents ou celle de doser les ingrédients.

Une connaissance venue de révélations

Beaucoup décrivent sainte Hildegarde comme la première naturopathe, mais c'est d'après-nous une fausse interprétation. Les naturopathes sont ceux qui ont étudiés la nature, les plantes, les pierres et qui ont testé certains remèdes.
Sainte Hildegarde n'a pas étudié la nature pour en retirer ses connaissances, elle déclare que tout lui vient « de la vraie lumière ». C'est vers quarante ans, au moment où elle devient abbesse, qu'elle a des visions très marquantes. Après avoir demandé conseil à son confesseur et autres figures éminentes, elle consigne par écrit ce qu'elle voit dans ses visions. Son ouvrage Le livre des subtilités des créatures divines n'est pas le premier qu'elle écrit, mais il est difficile de le dater. Il contient neuf livres qui abordent les plantes, les éléments, les arbres, les pierres, les métaux, et diverses catégories animales comme les poissons, les oiseaux ou les reptiles.

Les plantes et remèdes qu'elle évoque ne sont pas tous courants

L'originalité de l'œuvre laissée par sainte Hildegarde, est qu'elle évoque des plantes peu connues, nous avons cité le galanga, mais il y en a aussi qui sont parfois utilisées dans d'autres pays d'un point de vue médicinal ou simplement consommées comme aromates sans qu'on leur connaisse de vertus particulières.

Il y a également des plantes connues à son époque et pour lesquelles elle ne cite pas les vertus les plus communes et les plus attendues, dans le cas du clou de girofle par exemple : il est traditionnellement réputé contre les douleurs musculaires, mais elle n'en parle pas du tout et évoque un effet inattendu contre le hoquet. A l'inverse, il y a également des plantes communément admises comme bénéfiques, tel le poireau souvent qualifié de « balais de l'intestin », qu'elle déconseille et en particulier pour les personnes malades car « il ne fait pas diminuer la décomposition et il ne purifie pas les humeurs ».

C'est en partie pour cela que certaines des plantes dont elle parle ne sont pas admises aujourd'hui à la vente à des fins de consommation, on peut citer la rue officinale qui apparait cependant dans la composition de certains médicaments. Sainte Hildegarde a également prescrit des remèdes incongrus à l'époque, mais qui sont reconnus et expliqués par la science moderne, comme le fait de regarder longuement un pré vert lorsqu'on a les yeux fatigués.

Une attention particulière à la vitalité des plantes

En parlant des plantes, sainte Hildegarde créée un néologisme : « viridité » (Viriditas), qui allie les notions de verdeur et de virilité pour parler de la force vive des plantes. Pour elle, les plantes n'ont pas la même force ou les mêmes effets tout au long de l'année.

Elle précise fréquemment que si ce n'est pas la bonne saison pour trouver la plante, on peut prendre un extrait séché, mais qu'il n'aura pas la même puissance. Par exemple, dans le cas du marrube elle change la composition du remède en fonction de la saison : prendre du suc de la plante en été, ou de la poudre en hiver.

Ses conseils sur le respect du cycle de la plante sont particulièrement utiles dans le cas de l'absinthe qui doit s'utiliser au printemps : principalement parce qu'une absinthe tardive aura mis des fleurs et contiendra alors de la thuyone, hautement toxique.

Des conseils qui touchent également le règne animal

Comme nous l'avons dit, toute une partie du Livre des subtilités des créatures divines porte sur les animaux et leur utilité en ce qui concerne la médecine. Pour la plupart, elle signale simplement que la chair est bonne ou au contraire mauvaise à manger, mais sainte Hildegarde parle parfois d'autres composants des animaux, par exemple elle explique que les plumes de poule sont mauvaises pour faire des oreillers.

Un animal en particulier doit retenir l'attention, il s'agit du blaireau. Cet animal peut sembler étrange et il est méconnu en médecine traditionnelle, cependant, selon Hildegarde, la fourrure de cet animal a une grande puissance, il permet de repousser les maladies et de garder pieds et jambes en bonne santé si on s'en fait des chaussons et jambières.

Ce genre d'exemples illustrent à quel point les révélations de sainte Hildegarde sont rares et précieuses, elles mettent en avant des aspect et vertus insoupçonnés de la nature et peuvent nous permettre de créer un lien plus fort et respectueux avec notre environnement.

"Pour Hildegarde, l'âme est une symphonie, la musique reliée aux anges et au ciel, qui peut guérir l'âme. Bien évidemment, il ne s'agit pas de n'importe quelle musique, il va y avoir des notes qui vont rétablir l'équilibre de l'âme, et si vous atteignez l'âme, vous pouvez rétablir le corps selon elle." Audrey Fella, historienne spécialisée dans le fait religieux
"C'est une médecine de prévention avant tout, elle va jouer sur l'alimentation et c'est là-dessus qu'on a récupéré les bases de toute la naturopathie actuelle. Donc on soigne avec l'alimentation, avec les plantes, avec les épices. C'est, aujourd'hui, l'héritage que nous avons d'elle." Audrey Fella, historienne spécialisée dans le fait religieux

Le grand livre Scivias de Sainte Hildegarde, le livre des subtilités des créatures divines, couvre 10 années de visions (1141-1151). La deuxième période des révélations dure sept ans (1151-1158). Durant ce temps, Hildegarde compose son livre de médecine (2 volumes), un recueil de lettres, un livre de commentaires de l'Evangile et un livre de chants. Puis, pendant cinq années (1158-1163), elle rédige le livre Vita meritorum, sorte de traité de psychothérapie. "L'homme, œuvre de Dieu", lui fut montré durant les années 1163-1171. Et enfin, une autobiographie - probablement le seul livre personnel d'Hildegarde basé sur ses souvenirs et sa vie et non à partir de ses visions - n'est malheureusement conservé qu'en fragments ; il fut peut-être écrit en 1179, année où elle mourut. Hildegarde nota tous les détails avec une précision presque mathématique dans chacun de ses livres comme si elle avait su que les historiens de notre temps voudraient tout savoir avec exactitude. Jamais avant 1151 et après 1158, elle s'est occupée de médecine. Elle n'a rien écrit à partir de ses connaissances et, la médecine, n'était pas sa préoccupation. Seul Dieu et «l'homme total» l'intéressaient.

«L'homme, œuvre de Dieu», est une description minutieuse de tous les processus métaboliques à l'intérieur de l'homme, ceci pour fournir une analogie avec l'âme, pour expliquer et faire comprendre cette chose prodigieuse que nous appelons «âme».

Hildegarde nous donne cette vision de «l'homme total» (corps âme et esprit), en nous conduisant aux sources de la santé. Elle nous enseigne que nous ne pouvons vivre en pleine santé sans retrouver notre unité intérieure. Cette vision de la santé nous conduit donc à considérer l'être humain sous trois aspects : physique, psychique et spirituel. Le fondement de la médecine de notre abbesse est d'aller toucher ce qui conditionne notre tristesse et notre joie. La santé n'est pas, pour Hildegarde, une absence de maladie, mais une surabondance de vie, une fontaine de Jouvence, l'aptitude au bonheur.  Elle met un accent particulier sur notre relation entre la dimension spirituelle de l'homme et sa santé. S'il viole les commandements divins, il risque davantage la maladie ; s'il les respecte, il vit normalement dans l'harmonie et la paix des justes : c'est l'aspect psycho-spirituel. 

Mais le corps a également son mot à dire : s'il est encombré de pollutions et d'impuretés diverses, il devient opaque et perturbe toute la sphère psychologique, affective ou spirituelle. Cette influence est nette pour la mélancolie qui naît de la bile noire et induit la colère, la négativité, la violence et autres comportements. 

A ce propos, sainte Hildegarde nous raconte qu'avant le péché originel, nos premiers parents bénéficiaient naturellement d'une pureté innocente totale de corps et d'âme. De ce fait, ils ne connaissaient ni la maladie ni la mort. Cependant, le «Serpent» enflamma leur désir sensuel et provoqua en eux la dualité du bien et du mal. Cette rupture avec l'innocence originelle, avec l'intimité divine, les conduisit à connaître la souffrance et la mort. Que s'est-il donc passé sur le plan physiologique ? La bile, qui auparavant était comme un cristal étincelant, vira et devint noire, entraînant des désordres organiques si profonds que la maladie apparut ainsi que la mort, à cause de cette viciation des humeurs. 

Sainte Hildegarde a compris en vision que la physiologie de tout le cosmos fut aussi ébranlée : des bêtes venimeuses apparurent, dont les sécrétions délicieuses comme du nectar, devinrent des poisons violents, la discorde se répandit dans tous les règnes qui se mirent à s'entre-dévorer... Bref, ce fut un cataclysme d'une portée incalculable dont nous héritons à notre naissance des conséquences les plus fâcheuses. Avec l'incarnation du Verbe de Dieu et le sacrifice Rédempteur, la voie vers l'union divine est à nouveau ouverte.

Hildegarde nous révèle ce que le Ciel nous propose pour éliminer ces miasmes congénitaux et recouvrer, sinon l'Eden originel, du moins la santé, au niveau physique, psychique et spirituel. En tenant compte de ces trois plans -corps, esprit et âme - dans l'union totale avec notre Créateur, nous reprenons notre place dans la Création réunifiée à la source entre ciel et terre. Notre santé peut alors s'épanouir comme une fleur au soleil et rayonner son trésor le plus précieux : la joie. Son œuvre scientifique, disions-nous, a été divisée en deux volumes : le premier "causae et curae", traite des causes et des traitements des maladies ; le second, intitulé "Physica", se préoccupe de l'être intérieur des différentes natures de la création. Neuf livres sont consacrés respectivement aux plantes, aux éléments, aux arbres, aux pierres, aux poissons, aux oiseaux, aux animaux, aux reptiles, enfin à l'origine des métaux. 

La plus grande partie de son œuvre concerne ce-pendant un tryptique grandiose et visionnaire inspiré; le premier se nomme "Scivias" (Connais les voies du Seigneur), et comporte trois parties : le Créateur et sa création, le Messie et l'Eglise, l'histoire du salut. Le second, "Liber vitae meritorum" (Le Livre des mérites), décrit au cours de six visions successives l'affrontement des vertus et des vices sous le regard de Dieu lui-même. Le troisième ouvrage, le "Livre des œuvres divines" (l'opération de Dieu), est une véritable théologie du cosmos. Tous ces textes sont conservés dans de magnifiques manuscrits enluminés, dispersés dans toute l'Europe. Notre sainte n'écrivit, en effet, rien d'elle-même qui ne lui fût dicté "d'en haut"; excellente et obéissante secrétaire, elle nous a transmis fidèlement ce que le ciel lui révélait. En premier lieu, Hildegarde nous en-seigne que l'on ne peut comprendre notre humanité dans toute sa dimension sans la situer avec justesse dans ses sources, qui vont de la Création à la chute, de l'incarnation à la Rédemption. En nous faisant ainsi connaître nos origines, Dieu nous donne les moyens pour nous re-créer à Son image et à Sa ressemblance.

Pour cela, la vie intérieure avec Dieu est à la base de tout. En effet, si la vie spirituelle de l'homme s'étiole, les réalités divines sont obscurcies, au point qu'il en arrive à perdre un sens aussi naturel que la foi en un Créateur. Sa conscience devient si enténébrée qu'un voile opaque l'empêche de voir ou du moins de pressentir les profondeurs de l'être où jaillit la source d'eau vive, les courants limpides de la vie divine. 

L'homme est grand par l'âme

En Occident, la prédominance des doctrines matérialistes contribue à le couper de ses racines et l'entraîne sur la pente du doute, dans une vue superficielle des choses, sous l'emprise de passions incontrôlées. Notre manière de concevoir la vie, notre sens des valeurs, l'orientation de nos désirs et une alimentation adaptée sont déterminants. On a trop souvent négligé cette interdépendance essentielle entre l'esprit et le corps, ce qui a contribué à démanteler l'intégrité de la personne humaine dans sa structure trinitaire, privilégiant tel aspect plutôt que tel autre.

Pour Hildegarde, il est vital de s'occuper harmonieusement de tous ses aspects : non seulement le corps doit être nourri correctement, mais l'âme doit aussi recevoir la nourriture dont elle a besoin ; bref, l'homme est debout entre le ciel et la terre et l'on ne peut le tronquer, ni dans ses pieds, ni dans sa tête, au risque de le défigurer et de le mutiler gravement. Ce n'est sans doute pas par hasard que nous nous tenons droits sur nos jambes, stature réservée à l'homme, qui ne marche pas (longtemps) à quatre pattes mais se redresse bientôt pour se tenir en équilibre. 

L'homme a plus de puissance que les autres créatures. S'il est petit de stature, il est grand de par l'âme. Cela lui donne une énorme responsabilité sur la manière dont il doit prendre soin du patrimoine précieux qui lui est confié. Il n'en est pas le propriétaire mais le gérant. Il serait superficiel d'envisager la santé sur le seul plan corporel ; le corps étant mortel, cette sorte de santé serait tôt ou tard vouée à l'échec. Hildegarde nous convie donc à l'envisager aussi sur le plan de l'âme, qui est le noyau de notre existence et qui est immortelle. 

La santé rejoint la sainteté

C'est ainsi que la santé rejoint la sainteté, qui n'est rien d'autre que la santé de l'âme. De même que le corps qui ingère de mauvaises nourritures est pollué et finit par tomber malade, de même l'âme qui se perd dans les vices, sombre dans l'avilissement et la maladie ; elle ne voit plus que la terre, perd sa lumière et, coupée de Dieu, elle est emplie de tristesse et d'angoisse et vit déjà un enfer. Il n'est pas possible de vivre dans les voies justes sans disposer d'une "monture" appropriée comme un cavalier ne pouvait voyager loin sans un cheval vigoureux. C'est pourquoi notre sainte, préoccupée en premier de la santé de l'âme, nous parle, au nom du ciel, des moyens de maintenir notre corps en bon état.

La prévention à la première place 

Bien qu'elle nous indique ses nombreux remèdes pour nous soigner, elle met à la première place la prévention, qui repose principalement sur une alimentation correcte avec des aliments purs. Ces aliments sont non seulement source de santé et de vitalité pour le corps, mais aussi source de jouvence pour l'âme qui vit alors dans la sérénité et la joie.  A l'inverse des systèmes diététiques proposés sur le marché, Hildegarde ne fait pas référence aux tables de calories ni aux vitamines, poids, me-sures... Ils n'ont aucun droit de cité dans l'univers de notre sainte ! Elle nous enseigne une diététique originale que l'esprit de l'homme n'aurait sans doute pu découvrir, même après des siècles de recherche scientifi-que... En effet, rien de très rationnel dans ce qui est proposé, mais efficace et sans violence pour l'organisme. Certains aliments ont la propriété de produire cette fameuse "bile noire" provoquant tristesse, dépression, mal de vivre. D'autres aliments, au contraire, rendent joyeux et favorisent le travail intellectuel et la clarté d'esprit. Si l'on juge l'arbre à ses fruits, nous sommes obligés de constater les fruits de son enseignement. Sainte Hildegarde nous offre des recettes et des remèdes qui sont fiables et dépourvus de toxicité. En cela, elle se place parmi les plus grands savants, tout en nous offrant la sagesse de guérir sans meurtrir.


L'homme est terrestre et céleste

Cependant, sa perspective dépasse largement le cadre scientifique, car elle ne se contente pas de donner des aliments et des remèdes éprouvés ; elle nous invite à redécouvrir notre véritable richesse, notre dignité humaine, dans sa dimension trinitaire corps, esprit, âme. La nourriture qu'elle nous propose ne s'arrête pas à de seules considérations matérielles : physiques, biochimiques ou biologiques ; elle nourrit les plans les plus intérieurs de notre personne, précisément là où nous touchons à l'âme, "étincelle divine". Elle affirme que l'homme est terrestre de par sa chair, céleste de par son âme.
Notre vie est une, et ne saurait souffrir d'être morcelée ou divisée : notre corps n'est-il pas le temple de notre esprit ? Non seulement il est la demeure de notre âme, mais encore son instrument ; celle-ci l'habite dans une telle intimité qu'elle est la vie de sa vie ! L'âme nous communique le mouvement et la vie... Elle nous nourrit et nous abreuve intérieurement pour la restauration de notre corps. Elle développe et affermit nos différentes fonctions corporelles, les agence, les ordonne, et remplit les viscères de sa force. Autant dire qu'il est tout à fait impossible et artificiel de séparer ce qui a été intimement uni dès la naissance. 

Les aliments de la joie

En consommant surtout les aliments et les plantes de la joie tels l'épeautre, le fenouil, les châtaignes... il est possible de nous transformer, dans notre fonctionnement organique, tissulaire et cellulaire. La santé totale (corps, âme et esprit), d'un grand consommateur de charcuterie, steak-frites assaisonné de moutarde et de fromages fermentés n'aura rien à voir avec la vitalité rayonnante de ceux qui se nourrissent d'épeautre, de fenouil et de légumes conseillées par Hildegarde. Non seulement les réactions physiologiques seront très différentes, encrassant l'organisme dans le premier cas et laissant notre homme paisible dans le second. La consommation abusive de viandes et de graisses produit non seulement du mauvais cholestérol, de l'acide urique et des substances impures conduisant aux maladies chroniques graves, mais sape aussi la joie de vivre, induisant un comportement agressif ou plein de langueur, d'inertie, de tristesse...

Les pensées

Sainte Hildegarde nous explique aussi l'influence subtile de nos pensées sur notre santé : alors que des pensées pacifiées maintiennent les humeurs en équilibre, les pensées mauvaises déclenchent des viciations humorales et génèrent de la bile noire. L'âme demeure dans le cœur et laisse entrer et sortir les pensées diverses, des sucs mauvais sont suscités et les envoient jusqu'au cerveau... Par exemple, lorsque l'on a un fort sentiment de jalousie, les vaisseaux se contractent et le cerveau ainsi excité contracte les poumons qui gênent la respiration et la circulation sanguine... Quand les mauvaises humeurs ont dépassé la mesure dans les intestins et la rate elles retournent à la bile noire et se mélangent avec elle. Et, mise en mouvement par ce mélange, la bile noire monte avec les humeurs vers le cœur et le fatigue par de nombreux tourments qui se manifestent. Autrement dit, les pensées ou émotions négatives sont elle-mêmes une agression, un stress, elles ressemblent à un poison qui nous envahit, perturbe nos métabolismes et peuvent engendrer des maladies. 

Certains médecins ont montré la corrélation qui existe entre des conflits intérieurs (peur, angoisse...) et la naissance d'un cancer parfois foudroyant. Il est donc nécessaire de tout faire pour empêcher les mauvaises pensées d'éclore dans notre cœur, car elles risquent d'entraîner de graves perturbations à tous les niveaux. Par contre, les pensées basées sur la foi, l'espérance, la compassion, la joie, sont une prévention solide et construisent harmonieusement et durablement les personnes. Elle nous introduit ici tout droit dans le combat spirituel, où notre liberté intervient pour choisir le temporel ou l'éternel, le fini ou l'infini, le plaisir sensible ou la félicité des profondeurs... Les forces des ténèbres nous poussent sans cesse dans le filet des attachements, alors que l'appel divin nous invite à nous élever vers la Lumière.

L'homme charnel

Notre corps est la résidence du sensible, où arrivent par les cinq sens le monde extérieur ; il est le siège des sensations, du plaisir et du déplaisir, des passions, de l'instinct, des émotions (peur, fantasmes, imaginaire). C'est le lieu de l'inconscient, des besoins plus ou moins bien connus, avec ses blessures, ses frustrations... L'accumulation de bile noire nous alourdit et nous enténèbre nous plaçant sous la tyrannie des sens : ceux qui s'adonnent à des excès d'alcool, de mets lourds et toxiques, souffrent d'un éveil ou réveil de leurs passions, qui risquent de se déchaîner : violence, pulsions déréglées, cauchemars, agressivité, tristesse, tendances suicidaires, mélancolie ; c'est dans ce jardin que poussent les fleurs du mal qui exercent parfois une fascination morbide et suicidaires. La tempérance dans le boire et le manger, le jeûne régulier, permet de s'affranchir de cette emprise et de libérer l'âme de ses entraves. 

Hildegarde ne nous pousse pas pour autant à des mortifications exagérées tant elle est attentive à la voie du juste milieu. Elle nous encourage à un mode de vie équilibré, fondé sur une maîtrise des puissances corporelles, qui doivent s'épanouir dans le service et non se pervertir dans la tyrannie. C'est ainsi qu'une alimentation saine dans un environnement adéquat, associée avec l'oraison, le chant, la mar-che, l'équilibre dans la satisfaction des besoins, permettent au corps de se faire oublier. Celui-ci peut ainsi assister l'âme dans son ascension vers les sommets

La foi

La foi préserve de beaucoup de soucis, d'angoisses et de peurs. Grâce à l'espérance, nous affrontons l'avenir avec confiance et nous accueillons avec sérénité les événements heureux et malheureux, tout en louant Dieu pour tout ce qui arrive. Nous devons - quoiqu'il arrive - être toujours joyeux, confiants dans l'avenir et dans la miséricorde du Seigneur. Cette attitude intérieure nous évite les maladies liées à la tristesse : dépressions, insomnies, cauchemars: nous pouvons dormir du sommeil du juste. La pratique de la charité et des bonnes œuvres nous place au cœur du plan d'amour du Seigneur. En choisissant d'œuvrer pour le Royaume, nous faisons de notre corps un instrument docile aux motions de l'Esprit. Au lieu de constituer un obstacle au passage de la grâce, source d'afflictions diverses et de maladies sclérosantes, il contribue ainsi à "parachever la gloire de Dieu."

Guérir spirituellement

Hildegarde attache beaucoup d'importance à une bonne santé spirituelle. Ainsi, les blessures profondément enfouies sont démasquées, guéries par l'Amour dont le toucher délicat cicatrise toute plaie et réconcilie l'homme avec son coeur. L'âme, ar l'action du Saint Esprit et la grâce maternelle de Marie, se répand à travers le corps comme le souffle des vents pénètre le firmament tout entier. Et, comme le vent pousse les nuages pour laisser place au soleil, l'âme nous pousse à aimer Dieu avec la plus grande ardeur, à pratiquer les vertus très saintes, à recevoir les paroles que le Seigneur lui donne. Notre abbesse nous prévient de l'effet pernicieux et tyrannique d'un goût excessif des choses de la chair, en langage moderne, de l'emprise des passions.  

Mais comment brimer ces penchants de la nature sans créer des frustrations insupportables et mutilantes ? Si nous nous tournons vers les hauteurs, ce qui est plus bas cesse de nous fasciner, comme en présence du soleil la bougie perd de son éclat. Avec la Présence divine dans nos cœurs, renoncer aux choses temporelles ne crée pas une frustration, mais de s'y confiner, comme pour celui qui choisit de s'enfermer dans une pièce obscure lorsqu'un soleil éclatant brille à l'extérieur. La voie correcte consiste donc à allumer dans nos cœurs l'amour des choses divines ; les objets des sens cessent alors de nous fasciner. Nous découvrons ainsi la vraie liberté.

Conclusion. Hildegarde nous amène à redécouvrir notre conformité avec le Seigneur qui nous a donné la vie. Pour cela il faut nous reprendre en mains, réorienter notre alimentation, même si quelques sacrifices sont nécessaires, comme de jeûner de temps en temps, réduire (ou supprimer) des temps de télévision pour le consacrer à la prière ou à l'oraison... Nous redécouvrirons avec émerveillement une sérénité inaltérable dans les difficultés, l'harmonie et la paix avec nous-mêmes, avec notre environnement, avec Dieu. Comme des enfants, nous pourrons vivre l'éternel présent, nous réjouissant de la beauté de la création ; oui, notre amie nous invite rien moins qu'à une nouvelle naissance!

Par-dessus tout, notre sainte nous replace dans le plan d'amour du Seigneur qui nous appelle toujours davantage à le rejoindre dans son Royaume. Que ce nouveau regard nous aide à considérer la création non comme un ensemble d'objets à acquérir mais comme un jardin fleuri où nous sommes invités à marcher et à chanter avec le gazouillis des sources... Dès lors, notre santé ne peut plus être un privilège isolé qui ferait injure aux malades, elle devient rayonnante, car elle prend sa source dans le jardin embaumé de la vie divine. Cette santé n'est pas arrogante, elle n'écrase personne ni ne se complaît en elle-même. Elle s'épanouit en donnant toujours davantage. Elle grandit en se dépensant. Elle est le cadeau du Ciel proposé par Dieu à sainte Hildegarde. Puissions-nous être éclairés nous aussi par cette lumière qu'elle reçut en abondance ! Prions sainte Hildegarde de nous guider sur le chemin de sainteté afin que nous préparions "un petit ciel sur la terre"pour nous et nos frères.

Chants, hymnes et séquences

Pour Hildegarde, la musique est la forme la plus élevée de toute activité hu-maine, miroir de l'harmonie des sphè-res et des chœurs angéliques. "L'âme est symphonique, (Scrivias) ; de même que la parole désigne le corps, la symphonie manifeste l'esprit, car l'harmonie céleste annonce la Divinité et la parole annonce l'humanité du Fils."
Elle compose durant sa vie 77 symphonies, pièces musicales écrites sur ses propres poèmes religieux et destinées à être chantées lors des cérémonies du couvent. Elle a aussi composé un drame liturgique intitulé Ordo virtutum, qui comporte 82 mélodies et qui met en scène les tiraillements de l'âme entre le démon et les vertus.
Ces éléments apporte un sens nouveau de la vocalité et fait de ses œuvres de véritables visions en musique. Les motifs, jamais figés, élèvent l'auditeur par leur fluidité et leur force.

Guérison et guérir...

A côté de ce travail intellectuel et religieux, Hildegarde recevait tous ceux qui venaient la voir. Sa notoriété dépassait les frontières. De partout les visiteurs arrivaient à pied ou à cheval, un peu pour écouter ses prédications ou recevoir ses conseils et beaucoup pour être guéris. La liste des miracles s'allongeaient jour après jour. Les témoignages se propageaient... C'est l'histoire de Berthe, une servante, qu'une tumeur au cou empêche de manger : Hildegarde fait un signe de croix sur la grosseur qui disparaît aussitôt. C'est l'histoire d'une jeune mère et de son enfant aveugle, sur le même bateau qu'Hildegarde : la religieuse trempe la main dans le fleuve et bénit l'enfant en lui versant de l'eau sur les yeux ; alors, l'enfant voit. C'est aussi tous ces récits de miracles à distance : un infirme prie pour qu'Hildegarde l'aide et il la voit en vision qui s'approche de lui, impose les mains et le remet sur pieds. Mais Hildegarde n'use pas de ses pouvoirs surnaturels dans tous les cas de figure : la prière, les conseils de modération, les soins par les plantes ou les minéraux sont autant d'armes pour éloigner le mal et la maladie. Elle était devenue un puits de science conservant le souvenir de tous ses écrits.

Hildegarde meurt le jour qu'elle avait prédit : le 17 septembre 1179, entourée des religieuses de son couvent. L'assistance attristée est témoin d'un nouveau prodige : le ciel est illuminé par deux arcs-en-ciel, venus des quatre coins de l'horizon, forment une croix au-dessus du monastère. La croix lumineuse et colorée se redresse, grandit, jusqu'à emplir tout le ciel. Ceux qui assistent à cet étonnant phénomène ne sont pas surpris : pour eux, le ciel ne peut que rendre hommage à la sainte qui s'est donnée jusqu'à son épuisement complet.

Après sa mort, c'est le défilé dans le cimetière... Les malades semblent tous repartir guéris... Jusqu'au moment où les plaintes de ceux qui avaient leurs défunts dans le même cimetière, mécontants des tombes piétinées, amènent l'évêque à interdire à Mère Hildegarde de continuer ainsi de faire des miracles... En bonne religieuse, elle obéit aussitôt !...
Hildegarde fut parmi les premiers saints pour lesquels une procédure officielle de canonisation fut mise en route sans être menée à son terme.Ceci en raison de l'étendue de ses charismes. Cependant, elle fut très vite qualifiée de sainte par le peuple, et à la fin du XVIe siècle, son nom fut inscrit au martyrologe romain sans autre formalité, avec le titre de sainte. Le prénom d'Hildegarde est, et continue d'être beaucoup donné en Allemagne et en Autriche, où ses écrits sont très répandus. La châsse contenant les reliques d'Hildegarde est conservée dans le monastère d'Eibingen près de Rüdesheim (sur le Rhin). Elle est toujours beaucoup visitée.

A l'occasion du 800ème anniversaire de la mort d'Hildegarde, le Pape Jean Paul II lui a composé un hymne intitulé «la grande bénédictine». En peu de mots, il la situe comme une sainte d'une richesse exceptionnelle.
L'évêque du diocèse d'Eibingen a, paraît-il, demandé à Sainte Hildegarde de voir avec le Bon Dieu s'il ne lui serait pas bientôt possible de reprendre les guérisons... Il lui promet en échange une canonisation solennelle...!